Comment repenser la définition de l’identité ?

- se départir des catégories universalisantes héritées d’un récit moderniste autoritaire et hiérarchisé (masculin, blanc, hétéronormé, eurocentré), au profit d’une conception qui intègre l’altérité.

- déplacer la question de l’universel vers des catégories de pensée telles que la créolisation.

- remettre en valeur le potentiel subversif de l’hybridité.

Le positionnement à adopter se voudrait horizontal. Comment construire une méthode adéquate ?

activer le potentiel heuristique de l’art.

repenser le lexique qui sert à produire les analyses : des acteurs et non plus des champs d’influence - une analyse de situations ad hoc pour distancier le schéma d’un centre qui irradie vers des périphéries. Analyse qui devra éviter l’écueil de l’essentialisation en intégrant l’étude des relations et connexions.

reconfigurer son positionnement propre en se posant la question « d’où je parle ? ».



Hors champs, Bétonsalon

Contexte : bétonsalon centre d’art associatif au sein de l’université Paris 7, workshop, partenariat avec l’IRI.


Intention : dans le cadre de l’exposition The Day After de Maryam Jaffri ; sous forme d’un «workshop» ou plutôt un atelier autonome du groupe qui propose le hors champs de l’exposition. Articuler les pensées singulières pour proposer une forme de pensée collective, avec comme réalité objective une activation en public des recherches menées pendant la semaine.

Méthodologie : Le groupe Lignes diagonales a en fait commencé avec la préparation de ce workshop en tête (qu’est ce qu’une cartographie heuristique, lecture de textes sur les questions postcoloniales).
Familiarisation avec l’outil Renkan, chaque participant a travaillé sur une carte perso.
Prise de contact avec le travail de Maryam en amont sous forme de présentations de différentes œuvres.

Déroulé de la semaine : présentation de l’expo avec Virginie Bobin et Maryam Jaffri et discussion/présentation des activités de chacun.

Rencontres : Olivier Marboeuf (espace Khiasma), Mathilde Chénin, fondation Kadist (expo Canibalia), exposition Broodthaers à la Monnaie de Paris. Echanges de mails avec Maxime Guitton en prévision de nos interventions respectives.

Pendant la semaine nous avons travaillé sur l’élaboration de la carte et son activation, chacun des participants choisissant librement 3 à 5 documents qu’il propose d’activer et de mettre en lien avec les autres.

Résultat : Le groupe propose une carte collective « finale » contenant des documents hétérogènes (texte, extraits de films, images, chanson). Un chemin traversant la carte est défini et chaque document est présenté/activé par celui qui l’a choisi. Cette activation a suivi une séance d’écoute de Maxime Guitton.

Critique : Constat que la carte a peut être toujours un temps de retard sur la réflexion, (avec la dynamique de groupe), que l’urgence créée par le contexte et l’exigence institutionnelle dans lequel elle était pensée ont permis des prises de décisions, des choix porteurs, mais ont peut-être bridé une exploration plus complète de ce qu’on aurait pu faire.
De la même manière que l’ exposition à Vidéochroniques convoque d’autres œuvres, d’autres pratiques artistiques, on aurait pu ne pas être exhaustifs dans la présentation des documents dans le sens où certains liens auraient pu se faire tout seul ou suscité une curiosité chez public qui pouvait consulter la carte après coup.

31/33 documents ont été présentés en 2 heures par 7 personnes, on aurait pu focaliser la réflexion sur 7 documents avec une présentation plus aboutie, contextuelle et replacée dans ce contexte précis de l’expo et de l’intervention. La recherche entamée en amont et pendant le workshop a créé une dynamique qui a fait que le groupe de lecture s’est poursuivi pendant 1 an de façon très fructueuse.
On peut considérer que cet « exercice » était comme les prémisses du commissariat de l’exposition tant sur les artistes (Reinhardt, Sekula, Deligny, Lippard) que sur l’approche de sélection et d’articulation des œuvres.



Biennale de Lyon, 2015.

Dans l'ensemble, le week-end s'est passé comme prévu. Je veux dire que le déroulement du programme a été plus ou moins suivi, donc qu'il était de l'ordre du possible. C'est positif.

Pour détailler un peu les pièces :A la Sucrière, Aura (de Céleste Boursier-Mougenot) m'a fait pensé à la pièce avec le piano de P. Parreno qui était présentée au Palais de Tokyo.

Les Oxymores de la Raison (de Kader Attia) semblait être une pièce intéressante mais avait un effet soporifique sur moi.

Au M.A.C., Front Lawn Funerals and Cemeteries (de Cameron Jamie) qui reflète la contradiction entre les sentiments de violence et de sécurité chez les gens nourrira, je pense, les recherches entammées à propos des zombies.

Dans la pièce Shoplifters de Mohamed Bourouissa on discerne davantage les visages, les regards des sujets, que les objets dérobés. Ca vient résonner avec Jean Pierre de K. Kall et s'inscrit dans une histoire de la photographie sur la question de résistance du sujet face à l'objectif voire au regard du spectateur.

L'installation d'Emmanuel Lainé est un endroit assez ouvert où se croisent les notions de temps et d'espace. Pour moi, c'était très apaisant et ce sentiment faisait que je n'y trouvais rien à redire.

Enfin la présentation d'une partie de la collection à l'Hotel de Région m'a donné envie de voir ce quiest présenté ailleurs pour, peut être, mieux comprendre la politique qui lie les différents lieux d'expo' "Veduta" (Fondation Bullukian / Hotel de Région / Musée Africain sont visibles jusqu'en janvier).



Things Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art.

Le processus de travail collectif a été particulièrement motivant pour chacun/e. Concernant l’organisation et mise en place de l’exposition, il n’y a pas eu de difficultés liées au montage d'expo ou au prêt des pièces.
L’exposition peut paraître un peu aride pour le public du fait de la quantité des pièces qui privilégient la textualité. Elle demande du temps pour la lecture et elle confronte le visiteur à l’impossibilité de tout aborder.
Il est certain qu’on ne peut pas tout lire, tout connaître, le temps d'une visite. L’exposition est juste là pour faire un relais ; l'expérience doit se continuer en dehors du temps de la même.
Par ailleurs, des recherches depuis chez soi sont possibles même sans voir l’exposition, juste en en parlant, en donnant quelques clés pour accéder au contenu.

L'exposition résiste à des attentes traditionnelles de l'expérience de l'œuvre d'art.Une des questions centrales qui pose l'exposition c'est : Qu’attendons-nous de l’art ?

Deux figures tutélaires, Seth Siegelaub et Mel Bochner, structurent ou articulent l’exposition. Les pièces historiques sont pensées par rapport à une enquête qui ne suppose pas d’être dans des cadres fermé, ou prises dans deux entités comme dans l'opposition très portée par les avant-gardes et apparemment irrémédiable de : Art ou Vie.
Les œuvres proposées sortent de ces catégories binaires. C’est comment ces pièces historiques nous poussent à penser des choses aujourd’hui, notre présent.

Cela a été aussi important de montrer l'existence de ces travaux, donner une présence par les modalités singulières d'une exposition. Au même temps, l’exposition est aussi la proposition d’une expérience physique où l’ensemble de propositions se montrent articulées.
Les juxtapositions visuelles comme dans le jeu entre les lignes d’erre, le bâton André Cadere d’une part et le travail d’Ad Reinhardt, confrontés d'un coté et de l'autre de l'espace.
D’ailleurs, étant donné le caractère des objets et des pièces présentés, les modalités de monstration ne sont pas seulement un choix technique.
En revanche, il y a quelques pièces où le choix de présentation ne semble finalement pas le plus pertinent. En ce qui concerne, la présentation de la carte sur Third Text, le système de socles encombre alors que la carte appelle à faire de liens. Une table de travail aurait, peut-être, mieux convenu.

Une des questions qui s’est posée déjà dans les échanges préliminaires est l’usage des cadres pour les lettres.
Effectivement quelques questions se posent concernant cela : qu’est-ce que ça veut dire d’encadrer des fac-similés des lettres ? Qu’est-ce que ça apporte de les présenter sous cadre ?
Toutes les autres pièces dans l’exposition étaient assumées en tant qu’œuvre alors que les lettres ne l’étaient pas du tout, donc le cadre était une façons d’interroger leur statut de façon ironique.
Néanmoins, la question de la notion d’œuvre est au cœur de l’expo, et comme chaque proposition le montre cette question est dépassée. Il n’est peut-être pas nécessaire de le rajouter au moment de l’accrochage.

L'exposition s'efforce de regarder la manière d’être des objets choisit et de faire coexister ces formes du monde. Dans ce sens, il est possible de la penser en tant qu'autre forme de langage.
Si, dans leur ensemble, les modalités d’accrochage fonctionnent, la question de comment montrer ces propositions artistiques se posent encore car il y’a toujours les attentes traditionnelles sur l’œuvre d’art. ça résiste.

Par ailleurs, il est possible que les lettres de Ed Ruscha et Bayars n'aient pas leurs places parce qu’elles paraissent aujourd’hui plus anecdotiques mais elles trouvent leur place dans la logique d’ensemble.
Par exemple, celle de Ruscha est le seul document qui explique l’accrochage de son œuvre dans la Documenta, c’est donc une question de mise en contexte.
Qu’est-ce que ça vient dire cette exposition aujourd'hui ? Elle propose une réflexion sur la pratique artistique dans les fondations, de façon souterraine : comment la pratique artistique se déploie-t- elle ? Comment ces artistes co-travaillent ? Au delà de la question, si c’est œuvre ou pas ? Comment la pratique est partagée ?
L’expo est une exploration sous terraine et au dessus de qu’est ce que la pratique artistique, comment les gens co-travaillent à ça. Penser l’activité artistique autrement. Comment cette pratique à lieu et comment partager. C’est aussi défendre des pratiques qui ne se revendiquent pas absolument comme ART.

C’est une exposition qui pourrait être envisagée comme un outil. L’exposition appelle d’autres objets, d’autres pratiques, d’autres artistes, qui ne sont pas là mais qui sont là quand même. Elle fait visibles des hors-champs.

L'exposition peut aussi être perçue par rapport au projet de recherche dans la question égalité hybridité ambivalence, entre les relations modernistes et post modernistes, avec des pièces historiques et d'autres plus récentes.
Il s'agit de questionner des formes de critiques institutionnelles, les différents moments de la critique institutionnelle, de questionner non pas qu'est-ce que c'est l'art mais ce que porte l'art. L'exposition tente d'avoir une valeur prospective, de contribuer à forger des outils théoriques, d'ouvrir un chantier. Le temps a- présent de Benjamin, l'expo frétille de l'avenir, c’est une constellation du passé et du présent qui frétille de l'avenir.